Ci-dessous, un entretien avec Maryvonne Lyazid, adjointe aux Défenseurs des droits, en ligne sur le site du Figaro, le 1er octobre 2012.
Pour Maryvonne Lyazid, les discriminations liées à l’âge sont le troisième critère de discrimination après l’origine et le handicap. Elles ont déjà fait l’objet de 3000 réclamations envoyées à la Halde.
Le Figaro - Les réclamations venant des personnes âgés ou de leur famille sont-elles en augmentation ?
Maryvonne Lyazid - Depuis 2005, les discriminations liées à l’âge sont en augmentation. Elles ont fait l’objet de plus de 3000 réclamations adressées à la Halde puis au Défenseur des droits. Il s’agit du troisième critère de discrimination après l’origine et le handicap. Mais les personnes âgées ou leur famille font aussi état de dysfonctionnements de leurs droits sociaux, de discordes autour des petits-enfants, de problèmes de maltraitance. Un tiers des dossiers traités par notre pôle social concerne par exemple les retraités. Les carrières sont plus heurtées, plus variées, et les interactions entre différentes caisses peuvent créer des dysfonctionnements, les réformes successives ont parfois brouillés la compréhension du système.
Quelles sont les principales discriminations liées à l’âge ?
Les trois quart des saisines concernent l’accès aux formations professionnelles et à l’emploi. Cette discrimination touche les Français dès la cinquantaine.
Nous sommes par exemple intervenus auprès d’un groupe de grande distribution qui refusait à une femme de 50 ans d’acquérir un commerce en franchise en raison de son âge sous prétexte qu’elle aurait trop de difficultés à obtenir des crédits bancaires. Après une médiation, l’enseigne a accepté de faire disparaître l’âge de ses critères de sélection des franchisés. Le reste des dossiers concernent l’accès au logement et au crédit et à l’assurance. Des sexagénaires se voient notamment refuser des locations en raison de leur âge.
Comment lutter contre ce phénomène ?
Le droit des personnes âgées, c’est le droit de tous. Sur le terrain, un maillage fin de 430 délégués territoriaux nous permet de toucher nombre de personnes âgées. Le Défenseur des droits traite aussi de ces questions dans le cadre de son travail de promotion des droits et de l’égalité.
Au premier semestre 2013, nous organisons un séminaire sur les questions de santé, d’accès aux biens et aux services, à l’emploi, aux ressources et aux prestations des personnes âgées. La lutte contre la maltraitance financière est un axe prioritaire de notre travail. L’accroissement du nombre de personnes âgées, parfois fragilisées par une maladie neurodégénérative, risque d’entraîner une accentuation de ce phénomène dans les prochaines années. Pour mieux contrer la délinquance astucieuse, nous défendons notamment une réforme du code de la consommation. Il s’agirait d’accorder aux plus âgés un délai de rétractation plus long pour la vente à domicile et à distance.
Entretien mené par Agnès Leclair.
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