Depuis quelques mois, en France comme sur la scène internationale, s’élaborent des projets de "charte des aînés" (France) ou de "convention des Nations Unies sur les droits des personnes âgées".
On trouvera ici ce dernier projet, soutenu par une dizaine d’organisations internationales, qui, au prétexte notamment que la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme ne précise pas explicitement que ledit Homme ne s’arrête pas de l’être en vieillissant, souhaite une convention spécifique pour les "personnes âgées" :
http://www.ngocoa-ny.org/resources/documents/strengthening-rights-resource.pdf
La question des droits "spécifiques" mérite d’être posée.
Elle conduisit à l’élaboration, onze ans après la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, de la Déclaration des droits des enfants, qui précisait en préambule en quoi elle était nécessaire : "Considérant que l’enfant, en raison de son manque de maturité physique et intellectuelle, a besoin d’une protection spéciale et de soins spéciaux, notamment d’une protection juridique appropriée..."
Elle conduisit également à l’élaboration de la Convention relative aux droits des personnes handicapées (2006), qui reposait surtout sur la reconnaissance des discriminations particulièrement fortes dont ces personnes, à cause de leur fragilité, peuvent être victimes, et insistait surtout sur l’engagement des signataires à "prendre les mesures voulues pour permettre à ces personnes de jouir pleinement et dans des conditions d’égalité de tous les droits de l’homme et de toutes les libertés fondamentales".
Doit-elle forcément conduire à une Convention spécifique aux droits des personnes âgées ?
Une telle Convention impliquerait la reconnaissance que toutes les "personnes âgées", comme tous les enfants, ont besoin d’une "protection spéciale". Fortement discutable !
Et si elle ne sépare pas ainsi les vieux des moins vieux, à part rappeler que les personnes âgées ont exactement les mêmes droits et libertés fondamentales que les moins âgées, que dira-t-elle de plus ?
Vu que la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, précisément parce qu’elle ne fait aucune discrimination par l’âge, ne précise pas que l’Homme en question, que "la personne" dont parlent ses articles, cesserait de l’être à tel ou tel âge ;
vu également que la Convention relative aux droits des personnes handicapées ne mentionne nulle part et à juste titre que ces personnes handicapées seraient uniquement celles "de moins de X ans",
il nous semble que créer une convention spéciale sur les "droits des aînés", en séparant ainsi certains adultes des autres du seul fait qu’ils aient passé un âge x ou y, risque de provoquer bien plus de discriminations que le sobre mais ferme rappel que la même Déclaration Universelle des Droits de l’Homme s’applique à tous les adultes.