Un texte de Geneviève Laroque.
Ce 29 avril 2009 a été déclaré Journée Européenne de la solidarité entre les générations.
Développer la solidarité entre générations ou entre les générations : joli programme mais que signifie –t-il ?
On sait que solidarité signifie lien d’obligations réciproques, interdépendance de personnes, groupes, organisations matérielles ou non. Cette solidarité, ces solidarités sont factuelles, volontaires ou contraintes : engrenage, spontanéité, pression sociale ou morale, loi ... Elles peuvent même être inconscientes. Toute l’organisation sociale est fondée sur cette interdépendance.
Veut-on mettre l’accent sur la solidarité entre générations qui se sont succédé ? Nous vivons aujourd’hui avec des produits, des bâtiments, des routes, des cultures, des connaissances, peut être des sagesses accumulés au fil des temps, comme avec des dangers et menaces accumulés de même. Pour valoriser cette solidarité, il faut connaître ces héritages, les positifs comme les négatifs, ceux dont on peut être fier, ceux qui signalent des faiblesses, des erreurs, parfois des crimes. Tous ont fabriqué "le vierge, le vivace et le bel aujourd’hui" . Il faut les connaître pour s’élancer vers l’avenir. Le retour de l’échange ne peut être que le respect, même le respect critique à l’égard des anciens désormais disparus.
Sans doute veut-on surtout traiter de solidarité entre générations qui vivent au même moment, groupes d’âge différent ?
Peut être faut-il alors distinguer des solidarités légales comme, par exemple l’obligation alimentaire qui impose une entr’aide pécuniaire entre ascendants et descendants, des solidarités sociétales souvent spontanées qui développent des formes diverses d’entr’aide, y compris pécuniaire, dans les familles et pas seulement entre ascendants et descendants. Les unes comme les autres peuvent être montantes ou descendantes, de parents à enfants ou d’enfants à parents.
On a beaucoup évoqué la génération pivot qui intervient au profit de celles d’avant (parents et grands-parents) et de celles d’après (enfants et petits enfants) dans de nombreuses familles. Cette génération peut, ou non, avoir reçu des parents aujourd’hui aidés et pourra aussi recevoir ou non, des enfants aujourd’hui aidés . Solidarité n’est pas comptabilité.
On peut aussi encourager d’autres formes de solidarité, d’échange entre générations au delà des liens familiaux. Pour cela, il peut y avoir des projets communs, par exemple, des activités de culture ou de loisir, comme la participation à un atelier, une chorale ou un orchestre inter âge et des projets dans lesquels l’échange est multiforme. Il peut s’agir d’un échange de services, par exemple l’accueil de jeunes personnes dans le logement d’un aîné en échange de menus services. Il peut s’agir d’un service, une aide fournie par les uns en échange de réussite des autres, par exemple un tutorat, une aide aux études : la réussite du jeune, garçon ou fille est une récompense en soi.
Dans l’autre sens, il peut s’agir de visites de convivialité de jeunes personnes auprès de personnes âgées isolées et fragiles. Le sourire revenu est l’objet de l’échange et il peut y avoir pour tous les partenaires, des enrichissements de toute sorte, culturels, historiques (les aînés dans leur histoire et dans l’Histoire !), pratiques même : les "trucs" de débrouillardise transmis, ou les recettes de cuisine ou de bricolage…
Pour que cela marche, il faut de l’échange, même si ce n’est que l’échange de deux bonbons ou de deux sourires, mais il faut aussi un projet commun, de révolution mondiale ou de promenade à petits pas, de point de tricot, de préparation à un entretien d’embauche ou de goûter demain après midi. Il ne s’agit pas uniquement de mettre des "bébés sur les mémés", mais pourquoi pas, ensemble, raconter des contes et chanter des comptines ?
Cependant, toutes ces manifestations concrètes des situations de solidarité ne peuvent naître et s’épanouir que si elles sont préparées , si ces "partenaires" se connaissent . La première action de solidarité intergénération ne serait-elle pas alors, tout simplement, celle qui permet de se mieux connaître ?
Par exemple, , en prenant conscience qu’ à chaque âge, tout au long de son parcours de vie, de la naissance à la mort , on est et on sera, en permanence le jeune et le vieux de quelqu’un bref en découvrant que "grandir, c’est vieillir et vieillir, c’est grandir"
Si "grandir c’est vieillir et vieillir c’est grandir", se connaître pour vivre ensemble et pour faire société, c’est à tout âge que les solidarités s’entrecroisent, se tricotent, se combinent, entre pairs, entre proches, entre étrangers de l’espace et du temps, nos semblables, nos frères. "
Geneviève Laroque, Présidente de la Fondation Nationale de Gérontologie.
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