Québec - Site du Le Réseau sur le vieillissement et les changements démographiques (RVCD).
La mission du RVCD est d’assurer une observation continue de l’environnement du vieillissement et des changements démographiques au Québec, au Canada et ailleurs dans le monde pour en faire une analyse pertinente à la prise de décision stratégique et favoriser le partage et le transfert de connaissances entre les intervenants appelés à travailler dans ce domaine.
"Les vieux sont-ils tous des sales cons ?"
Sous ce titre provocateur, un des articles les plus complets écrits au sujet de la vague d’âgisme anti-vieux qui balaye la France depuis l’élection présidentielle.
Un âgisme anti-vieux qui se base sur un regard plus que rapide sur des images/faits tels que présentés dans la capture d’écran de BFM-TV ci-dessous...
On aura donc intérêt, pour mieux réfléchir à ce sujet, a regarder au moins les chiffres un peu plus détaillés du vote par âge, tels que ceux-ci :
— - L’article. Ses premiers paragraphes ci-dessous, l’article complet sur le site Frustrations.
" Ma grand-mère a voté Mélenchon, mais elle semble être peu représentative de sa classe d’âge : au premier tour de l’élection présidentielle, les plus de 65 ans ont massivement voté pour Macron, contrairement aux moins de 35 ans qui ont majoritairement voté Mélenchon. Mais les jeunes s’abstiennent bien plus : plus de 40% d’entre eux, contre 12% des seniors. Forcément, la jeunesse perd et dans mon entourage comme sur les réseaux sociaux, ça peste fort contre « les vieux ». Non seulement ils ont eu le plein emploi, le pétrole à foison, la libération sexuelle et la retraite à 60 ans, mais en plus ils nous laissent la catastrophe climatique, un duel Macron – Le Pen et un vote en faveur de la retraite à 65 ans : dis donc papy, tu pousses pas le bouchon un peu trop loin ? La rage générationnelle semble être devenue parfois plus forte que la rage sociale, du moins sur internet. L’expression « Ok boomer », popularisé notamment par la punchline d’une jeune députée écologiste néo-zélandaise face aux vitupérations pro-énergie fossile d’un collègue senior, s’est diffusée un peu partout… pour quel résultat ?
Quand j’entends le mot « génération », je me méfie. D’abord, c’est le nom d’un petit parti politique issu du PS. Ensuite, c’est le thème d’articles de presse de piètre qualité sur la « Génération Y », « Génération Z », à base de clichés à la truelle genre « des individus égocentriques, scotchés sur leur téléphone et qui ne supportent pas l’autorité » (qui supporte, franchement ?). Déjà assez jeune, l’analyse générationnelle m’avait frappé par sa nullité lorsque, pour m’éclairer dans ses choix d’orientations scolaires, ma soeur achetait le magazine « jeunesse » Phosphore, où chaque article concernait des lycéens des beaux quartiers de Paris et chaque publicité des vêtements prohibitifs. « La jeunesse » du cinéma, de la presse et des séries est trop souvent la jeunesse bourgeoise ou petite-bourgeoise, de temps en temps contrebalancée par « les jeunes de cités » qu’on veut aider à « réussir », ou à subir la violence policière, au choix. C’est presque l’expression favorite des critiques de cinéma : « portrait d’une génération désabusée qui… blabla » . Quoi de plus politiquement correct, finalement, que de parler de génération ?
Par contre, pour parler de classe sociale, il n’y a généralement plus personne. Dire « racisés » vous vaut un procès en division du peuple, parler de genre peut vous faire accuser de wokisme aigu… Pas de problème, en revanche, à ergoter sur les jeunes et les vieux : l’assemblage de clichés ne vous vaudra pas de gros problèmes (ce titre d’article ne nous vaudra pas d’ennui), sauf peut-être de la part de vos parents : mais c’est si bon de se prendre la tête avec « ses vieux », sans ça, de quoi pourraient parler le cinéma français et deux bons tiers de nos romanciers ?
Pendant l’épidémie de Covid, l’appel au génocide de vieux ou à un régime d’apartheid agiste ne posait pas problème à grand-monde : « mais qu’on les laisse crever ! », « 75 ans c’est ok pour mourir hein » (je me demande toujours ce que dirait ces mêmes personnes à 75 ans, toujours ok pour crever du coup ?), « il faut confiner les plus de 60 ans et laisser vivre les autres ! ». Encore aujourd’hui, l’idée que nous en avons tant bavé pendant deux ans pour « sauver les vieux » s’impose, alors même que « nos » 130 000 morts du Covid sont des personnes de plus de 60 ans . Ma grand-mère, qui a survécu à cette épidémie, a reçu ces critiques en pleine pomme pendant ces deux longues années, et ne l’a pas bien vécu. La partie de notre société qui est de plus en plus attentive – et c’est heureux – aux discriminations et violences symboliques contre des catégories de la population (personnes LGBT+, racisé.e.s etc.), ne s’intéresse guère à l’âgisme, c’est-à-dire les discriminations liées à l’âge. Le sujet a occasionnellement de la visibilité, par exemple lorsqu’un écrivain bourgeois, Yann Moix, a déclaré son dégoût des femmes de plus de 50 ans. L’âgisme sexiste se porte effectivement bien, la norme de la jeunesse étant omniprésente dans les représentations du corps féminin.
Dans le monde du travail, les « boomers » ne sont pas toujours à la fête, loin de là : le chômage de longue durée touche davantage les seniors que les autres. Si nos grandes entreprises sont dominées par des hommes blancs de plus de 50 ans, leur recrutement défavorise les seniors. Expert en santé au travail depuis 2019 (à temps plein puis en freelance), j’ai visité une bonne dizaine d’entreprises où la discrimination anti-vieux se faisait de façon pernicieuse (usage de l’anglais à toutes les sauces, exclusion des salariés peu à l’aise avec l’informatique…) ou carrément décomplexée : mise au placard des plus de 50 ans, licenciement ciblé, dénigrement… Le chômage massif qui en résulte engendre des fins de carrière ratées, entachées de burn out et de sentiment d’inutilité, mais a aussi des conséquences sur la retraite, calculée à la baisse en raison de la période chômée…
[...]
La suite sur le site Frustrations