Un groupe de travail, chargé de réfléchir à « Une convention internationale relative aux droits des personnes âgées », a récemment publié une version de cette future convention et a demandé à l’Observatoire de l’âgisme s’il s’associait à ce texte.
(Texte accessible à partir de : http://www.lamaisondelautonomie.com/wp-content/files/Convention_fiapa_version_6_Fr.pdf )
Dans l’état actuel, l’Observatoire de l’âgisme ne peut s’y associer.
Notamment pour quatre grandes raisons :
1/ Le texte précise, ce qui nous paraît essentiel, qu’il n’existe pas de droits spécifiques aux personnes âgées. Mais il nous paraît ambivalent et dangereux de séparer ainsi les « personnes âgées » des autres humains en produisant une convention spécifique relative à ces « droits des personnes âgées », quand bien même cette convention affirme que ces droits sont les mêmes que ceux des autres humains !
2/ Le texte insiste, à juste titre, sur la protection des droits des personnes en situation de handicap, physique et/ou psychique. Mais ces droits là ne sont pas liés à l’âge et font l’objet de textes spécifiques déjà existants. Ce projet de convention d’ailleurs le rappelle et ne fait que résumer ces textes-là (en les liant quand même aux personnes âgées tout en affirmant que l’âge n’a rien à voir...).
Rappelons que les discriminations qui existent en France entre les adultes handicapés de plus de 60 ans et les adultes handicapés de moins de 60 ans sont particulières à la France et peuvent être combattues sans nouveaux textes internationaux.
3/ Le texte finit semble-t-il par trouver sa spécificité dans la lutte contre les discriminations liées à l’âge, contre l’âgisme. Et précise : « Cette convention (...) impose aux États-parties d’empêcher tous obstacles qui pourraient, de par des barrières liées à l’âge chronologique (barrières de droit ou de fait), causer des discriminations aux adultes âgés. »
Pourquoi « aux adultes âgés » ?
Les discriminations liées à l’âge ne toucheraient-elles que les « personnes âgées » ?
Cette définition très restrictive de l’âgisme nous paraît contre-productive (la lutte contre l’âgisme impose de travailler sur toutes ses formes, quel que soit précisément l’âge de la victime) et, une fois de plus, dangereuse en ce qu’elle sépare les vieux des moins vieux.
4/ Enfin, soulignons que la lutte nécessaire contre l’âgisme ne nous paraît pas devoir déteindre sur tout au point qu’on en arriverait à définir une personne âgée par le fait même d’être victime d’âgisme, comme le propose le texte : « On entend par "adultes âgés" les adultes qui, en raison d’un âge plus avancé que leurs concitoyens ou la perception par ceux-ci qu’ils auraient un âge plus avancé, souffrent d’obstacles à la participation pleine et effective à la société sur un pied d’égalité avec les autres ».
L’Observatoire de l’âgisme est persuadé que les discriminations liées à l’âge sont actuellement aussi répandues et banalisées que méconnues et négligées par les pouvoirs publics, et ce dans tous les pays. Un texte international de lutte contre l’âgisme permettrait donc de mettre en lumière l’importance de ces discriminations et la nécessité de les combattre officiellement. Mais il nous paraîtrait tout à fait inconcevable qu’un tel texte soit justement âgiste en partant du présupposé que ces discriminations ne touchent que les humains de plus (ou de moins) d’un certain âge !
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